GRAND CANON DE SAINT ANDRÉ DE CRÈTE

Andrey_Kritskiy
SAINT ANDRÉ DE CRÈTE

INTRODUCTION AU GRAND CANON
DE SAINT ANDRÉ DE CRÈTE

LE CANON POÉTIQUE

La poésie liturgique byzantine s’est développée tout au long de l’histoire millénaire de l’Église indivise et un peu au-delà. Cette poésie prit naissance dans les pays de langue syriaque, autour des métropoles d’Antioche et d’Édesse. C’est au sixième siècle que la création poétique en langue grecque prit un essor particulier avec les kondakia de saint Roman le Mélode ; les hymnes de saint Jean Damascène leur succédèrent au siècle suivant.

À la fin du septième siècle apparaît une nouvelle forme de poème liturgique, sans doute moins bien construite que les compositions précédentes mais dont le contenu théologique est plus directement parlant : le ” Canon poétique “. Le Canon se présente comme un long texte prenant la forme de neuf hymnes (odes), paraphrasant plus ou moins le texte des neuf cantiques scripturaires qui sont d’ordinaire chantés à l’office du matin (orthros byzantin – laudes occidentales).

À l’origine les strophes du canon (appelées tropaires) étaient intercalées entre les versets des cantiques, mais très rapidement l’habitude se prit d’omettre ces versets au profit du canon lui-même, seule la première strophe, appelée hirmos (du grec, ” allusion, mention, convention “), réfère directement au texte du cantique. L’hirmos, dans la langue originale, sert de modèle métrique à tout l’ensemble de l’ode. Dans la présente version du Grand Canon de saint André de Crète, les références aux cantiques se trouvent au début de chaque ode. Les odes du canon se terminent par une strophe particulière nommée doxastichon, une louange à la sainte Trinité.

SAINT ANDRÉ DE CRÈTE

Né à Damas vers 660 d’une famille syrienne, saint André fit de très bonnes études, devint moine à Jérusalem et secrétaire du patriarche Théodore. En 685 il se rendit à Constantinople pour confirmer au nom de son patriarche les décisions du sixième Concile Oecuménique (contre les monothélites). Il fut ordonné diacre à Constantinople et chargé de l’administration d’un orphelinat et d’une maison de vieillards. En 700 il fut consacré archevêque de Gortyne (actuellement Khania, en français : La Canée), capitale de la Crète. Il construisit des églises, et s’intéressa particulièrement à l’éducation des enfants et des adolescents.

En 712, sous la pression de l’empereur Philippikos Bardanès, il accepta de souscrire à une définition monothélite d’un synode réuni par ce souverain. Il se reprit vite toutefois, et sut faire front contre le pouvoir impérial lorsque éclata la crise iconoclaste. Saint André mourut dans l’île de Mytilène le 4 juillet 740 au retour d’un voyage à Constantinople. On lui doit une cinquantaine d’homélies, dont plusieurs sont consacrées à la Mère de Dieu, témoins importants de la mariologie byzantine.

Il est surtout connu pour être l’initiateur du “Canon poétique”, genre de poésie liturgique en usage depuis dans la liturgie orientale. Le Grand Canon dit “de Saint André”, qui est récité intégralement pendant le Carême, lui a probablement été inspiré par le remords qu’il eut d’avoir souscrit par faiblesse aux définitions hérétiques dont nous avons parlé plus haut. Il est l’auteur d’une soixantaine d’autres canons. Ses oeuvres furent traduites en latin et éditées en Occident dès 1644 (textes bilingues grec-latin). L’Église célèbre sa mémoire le 4 juillet.

USAGE LITURGIQUE

Dans le rite byzantin, le Grand Canon a été recueilli dans le Livre du Triode, ensemble des offices du Grand Carême. Il est récité à l’office des Grandes Complies les lundi, mardi, mercredi et jeudi de la première semaine de Carême, à raison d’un quart du texte environ par jour. Il est repris intégralement aux matines du jeudi de la cinquième semaine.

Le texte que nous présentons est la traduction des moines orthodoxes de l’Abbaye Saint-Michel de Bois-Aubry, effectuée en 1992. Cette traduction utilise comme source le texte grec en usage dans l’Église de Constantinople et édité à Athènes en 1953. Cette version signale les principales références bibliques ; les lecteurs avertis en découvriront d’autres qui ne sont pas signalées, en particulier les nombreuses paraphrases psalmiques. L’édition du Grand Canon de l’Abbaye Saint-Michel de Bois-Aubry tient compte du découpage original du texte en Odes par l’auteur.

La présente publication est divisée en quatre parties pour usage aux offices des Grandes Complies de la première semaine du Carême, tout en gardent la numérotation des strophes de l’édition de Bois-Aubry. Pour compléter l’usage du Grand Canon aux Grandes Complies, les louanges mariales et les invocations à saint André de Crète qui terminent chaque ode, ainsi que les invocations à sainte Marie l’Égyptienne, de même que certains louanges trinitaires, ont été ajoutées au texte du Grand Canon. Ces strophes sont tirés du Triode de Carême, tome 1 (Collège Grec de Rome, 1978).

Le commun de l’office des Grandes Complies se trouvent dans le Grand livre d’heures (Diaconie Apostolique, Rome, 1989).

ODE 1 (Premier cantique de Moïse : Exode 15*1-16)

  1. (Hirmos) Le Seigneur est mon aide et mon protecteur,
    c’est lui qui m’a sauvé, c’est lui mon Dieu, je le glorifierai ;
    c’est le Dieu de mes pères et je l’exalterai, car il a fait éclater sa gloire.
    Ps 118 ; Ex 15*1-2

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi. 

  1. Par où commencerai-je à déplorer les actes de ma vie misérable,
    et quels seront, ô Christ, les premiers accents de ce chant de deuil ?
    Accorde-moi, dans ta compassion, la rémission de mes péchés ! Eph 4*32 ; 1P 3*8

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Viens donc, âme endurcie, revêtue de ta chair,
    confesse-toi au Créateur de toutes choses ;
    rejette loin de toi ton délire et offre à Dieu des larmes de pénitence.

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Émule du premier Adam dans les voies de la prévarication,
    par mes péchés, je me suis vu dépouillé de mon Dieu,
    sevré du royaume éternel et de ses délices. Gn 3*23

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Malheur à toi, âme endurcie, pourquoi as-tu voulu ressembler à Ève ?
    C’est ton propre regard, ton regard avide qui t’a blessée,
    tu as tendu la main vers l’arbre funeste, désiré et goûté à la nourriture de la déraison. Gn 3*6

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. À la place de l’Ève charnelle, une Ève en esprit s’est élevée en moi :
    c’est une pensée de convoitise qui se pare de plaisirs
    et se gave sans fin d’une nourriture funeste.

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Adam, pour avoir violé un seul de tes commandements,
    ô Sauveur, a été en toute justice chassé du paradis.
    Que dois-je subir, moi qui transgresse en tous temps tes paroles de vie ? Gn 2*17

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. J’ai mis mes pas dans les pas de Caïn, et j’ai choisi de devenir meurtrier,
    car j’ai flatté ma chair et attenté à mon âme par les oeuvres de mes péchés. Gn 4*8

Gloire au Père…

Ô Trinité supersubstantielle, qui es adorée dans ton Unité,
soulage-moi du fardeau pesant de mes péchés,
et accorde-moi dans ta compassion des larmes de repentir.

Maintenant et toujours…

Ô Mère de Dieu, espérance et protection de ceux qui te chantent,
allège le poids, le fardeau de mes péchés ;
très-sainte Dame, accueille-moi transformé par le repentir.

ODE 2 (Deuxième cantique de Moïse : Deutéronome 32*1-11)

  1. (Hirmos) Cieux, prêtez l’oreille et je parlerai,
    je chanterai des hymnes au Christ qui,
    pour venir à nous, a pris chair dans le sein de la Vierge. Dt 32

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Cieux, prêtez l’oreille et je parlerai,
    que la terre écoute la voix de la pénitence,
    qui s’élève vers Dieu et le glorifie ! Dt 32

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Abaisse sur moi un regard favorable et plein de compassion,
    ô Dieu Sauveur, et accueille ma fervente confession ! Ps 69*17

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. J’ai péché plus que tous les hommes, seul j’ai péché contre toi,
    ô Dieu Sauveur, prends pitié de ta créature ! Ps 51*6

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. La tempête de mes passions m’environne,
    mais étends vers moi ta main avec compassion,
    comme jadis tu le fis pour Pierre. Mt 14*31

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Ô Christ très compatissant, je t’offre aussi mes larmes,
    comme la femme pécheresse. Aie pitié de moi, ô mon Sauveur, dans ta bonté.
    Lc 7*38

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. J’ai terni la beauté de mon âme par les plaisirs des passions,
    et j’ai abaissé mon esprit au niveau de la boue.

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. J’ai mis en lambeau le vêtement originel que le Créateur m’avait tissé,
    et depuis me voici gisant dans la nudité.

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. J’ai essayé de me couvrir d’une défroque déchirée,
    tissage du serpent qui m’a séduit,
    et je suis en proie à la honte. Gn 3*7

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. J’ai contemplé la beauté de l’arbre et mon esprit a été séduit,
    et depuis, me voici gisant dans la nudité et je suis en proie à la honte.

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Tous les moteurs des passions ont labouré mon dos
    en y creusant le sillon de leurs iniquités. Ps 129*3

Gloire au Père…

Indivisible substance, Divinité unique en Trois Personnes distinctes
dont le règne et le trône sont un,
je te chante l’hymne trois fois sainte au plus haut des cieux !

Maintenant et toujours…

Vierge Mère de Dieu, ô Très-Pure et seule digne de nos chants,
intercède constamment pour que nous soyons sauvés.

ODE 3 (Cantique d’Anne : 1 Samuel 2*1-10)

  1. (Hirmos) Affermis ton Église, ô Christ,
    sur le Rocher inébranlable de tes commandements. 1S 2*2 ; Ps 40*3

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Fuis, ô mon âme, le feu du Seigneur,
    par lequel il consuma jadis la terre de Sodome. Gn 19*24

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Fuis dans la montagne, ô mon âme,
    à l’exemple de Loth et cherche refuge dans Soar. Gn 19*17*22

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Fuis l’incendie, ô mon âme, fuis l’embrasement de Sodome,
    fuis la violence dévorante du feu divin.

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. À toi je me confesse, ô Sauveur, j’ai péché, j’ai péché contre toi,
    dans ta miséricorde, fais-moi grâce ! Ps 51*6

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Plus que tout homme j’ai péché, seul j’ai péché contre toi,
    ô Christ Sauveur, ne me rejette pas !

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Tu es le bon Pasteur, recherche-moi,
    car je suis ta brebis perdue, ne m’abandonne pas ! Jn 10*11 ; Lc 15*4

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Jésus doux et clément, tu es mon Créateur,
    en toi seul, mon Sauveur, je serai justifié !

Gloire au Père…

Ô Trinité consubstantielle, ô Unité en trois Hypostases,
nous te célébrons, glorifiant le Père, exaltant le Fils
et adorant le Saint Esprit, Dieu véritablement Un par nature,
Vie de toutes vies, dont le règne n’aura pas de fin !

Maintenant et toujours…

Réjouis-toi, ô Sein porteur de Dieu,
réjouis-toi, ô Trône du Seigneur,
réjouis-toi, ô Mère de notre Vie.

ODE 4 (Cantique d’Habakuk : Habakuk 3*2-11)

  1. (Hirmos) Ayant appris ton avènement, Seigneur,
    le prophète fut saisi de stupeur ;
    sachant que tu naîtrais d’une Vierge et te manifesterais aux hommes il s’écria :
    “J’ai entendu ta clameur et j’ai eu peur ! Gloire à ta puissance, Seigneur !” Ha 3*2

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Ne rejette pas ton ouvrage, ne détourne pas ton regard de ta créature,
    ô Juge équitable, moi seul j’ai péché contre toi,
    plus que tous j’ai péché, ô Ami de l’homme,
    mais il n’appartient qu’à toi, Seigneur tout-puissant, de remettre les péchés. Mt 9*6

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. La fin approche, ô mon âme, la fin approche
    et tu n’y songes pas, tu ne t’y prépares pas ;
    le temps presse, lève-toi, le juge est à la porte !
    Le temps de la vie passe comme un rêve, comme une fleur des champs,
    et c’est en vain que l’homme s’agite ! Ps 39*5-7

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Réveille-toi, mon âme, examine tes oeuvres !
    Représente-toi le passé, que les larmes coulent de tes yeux !
    Confesse au Christ tes actes et tes pensées et tu seras justifiée !

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Il n’est en cette vie nulle faute, nul délit, nul mal, ô Sauveur,
    que je n’aie accompli, en esprit et en paroles, de propos délibérés,
    en intention et en action : plus que tout autre, j’ai péché !

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Malheur à moi ! Ma propre conscience me condamne
    avec une rigueur sans égale dans le monde ;
    ô mon Juge et mon Rédempteur, toi qui me connais,
    épargne et sauve ton serviteur !

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. L’échelle que vit autrefois Jacob le patriarche, ô mon âme,
    est la figure de cette ascension spirituelle,
    qui commence par l’action et s’achève par la contemplation.
    Si tu veux connaître l’une et l’autre, renouvelle-toi ! Gn 28*12

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Pour obtenir ses deux épouses, le patriarche, dénué de tout,
    supporta la chaleur du jour et le froid de la nuit ;
    il travaillait avec ardeur, servait et augmentait
    par ruse ses troupeaux, jour après jour. Gn 30 *37-43 ; 31*40-41

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Ces deux épouses figurent l’action et la contemplation ;
    la première c’est Léa car elle est féconde ;
    la seconde Rachel, car la connaissance est laborieuse.
    Sans peine, ô mon âme, nulle oeuvre, nulle contemplation ! Gn 29*31

Gloire au Père…

Trinité sans commencement et incréée, Indivisible Unité,
accueille ma pénitence, sauve ce pécheur qui est ta créature,
ne me repousse pas, mais arrache-moi au feu de la condamnation.

Maintenant et toujours…

Ô Vierge, tu as enfanté et vierge tu es demeurée,
car ton sein virginal met au monde Celui
qui renouvelle les lois de la nature :
Dieu lui-même le veut aussi.

ODE 5 (Cantique d’Isaïe : Isaïe 26*9-19)

  1. (Hirmos) Dans la nuit je veille, éclaire-moi, ô Ami de l’homme,
    guide-moi sur le chemin de tes commandements
    et enseigne-moi, mon Sauveur, à faire ta Volonté. Is 26*9-20 ; Ps 143*8-9

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Ma vie s’est écoulée dans la nuit,
    ténèbres et chaos m’ont englouti : nuit du péché !
    Toi seul, ô mon Sauveur, tu peux faire de moi un fils de lumière. Jn 12*36

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Malheur à moi, j’ai imité Ruben,
    j’ai méprisé la Loi du Très-Haut par une volonté criminelle,
    comme Ruben j’ai souillé la couche paternelle. Gn 35*22

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. À toi je le confesse, ô Christ mon Roi,
    j’ai péché comme jadis les fils de Jacob vendant Joseph,
    leur propre frère, fruit de la chasteté et de la sagesse. Gn 37*28

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Cette âme juste fut livrée par ses frères,
    cet homme de douceur fut vendu comme esclave, à l’image du Seigneur,
    mais toi, ô mon âme, tu es devenue tout entière l’esclave de ta malfaisance.
    Mt 26*15-16

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Imite Joseph à l’esprit juste et sage, ô âme douloureuse et réprouvée,
    ne t’abandonne plus au délire des passions et à la désobéissance.

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Joseph a séjourné jadis dans une citerne,
    préfigurant ta Sépulture et ta Résurrection ;
    mais moi, que t’offrirai-je de semblable ? Gn 37*24

Gloire au Père…

Je suis la Trinité simple, sans séparation, sans confusion entre les Personnes,
Je demeure Une par nature : Père, Fils et Esprit divin !

Maintenant et toujours…

De toi, ô Vierge immaculée, sainte Mère de Dieu,
le divin Créateur des siècles éternels prit notre chair
pour s’unir intimement à la nature des mortels.

ODE 6 (Cantique de Jonas : Jonas 2*3-10)

  1. (Hirmos) De tout mon coeur j’ai invoqué
    le Dieu de miséricorde et il m’a entendu.
    Il m’a fait remonter de l’enfer, il a libéré ma vie de la corruption. Jon 2*3-10

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Je t’offre avec sincérité, ô Sauveur,
    les larmes de mes yeux et les gémissements profonds de mon coeur
    qui crie : “J’ai péché contre toi, ô Dieu, fais moi grâce !”

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Ô mon âme, tu t’es éloignée du Seigneur, comme Datan et Abirôn,
    mais de tout ton coeur crie-lui :
    “Épargne-moi de peur que la terre béante ne m’engloutisse !” Nb 16*12-34

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Devenue furieuse comme une génisse, ô mon âme,
    tu t’es faite semblable à Éphraïm.
    Comme la gazelle, sauve ta vie du piège, par l’élan de l’ascèse,
    de l’esprit et de la contemplation. Os 4*16-17

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. La main de Moïse, ô mon âme, atteste que Dieu peut blanchir
    et purifier une vie lépreuse,
    aussi, serais-tu couverte de lèpre, ne tombe pas dans le désespoir ! Ex 4*6-8

Gloire au Père…

Ô Trinité consubstantielle, ô Unité en trois Hypostases, nous te célébrons,
glorifiant le Père, exaltant le Fils et adorant le Saint Esprit,
Dieu véritablement Un par nature, Vie de toutes vies,
dont le règne n’aura pas de fin !

Maintenant et toujours…

(Kondakion) Réveille-toi ! Pourquoi dormir, ô mon âme,
pourquoi dormir ainsi ?
Car voici la fin s’approche, et tu rendras compte au jugement.
Veille donc, ô mon âme, pour que t’épargne le Christ Dieu, lui qui est partout,
dans tout l’univers qu’il comble de sa présence.

ODE 7 (Cantique des Trois Jeunes Gens : Daniel 3*26-56)

  1. (Hirmos) Nous avons péché, nous avons été rebelles,
    nous avons commis l’injustice devant ta Face,
    nous n’avons pas gardé ni pratiqué tes commandements,
    pourtant, à l’heure dernière, ne nous rejette pas, Dieu de nos pères !

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. J’ai péché, j’ai méprisé et violé tes commandements,
    car j’ai été conçu dans le péché ; à mes ulcères
    j’ai ajouté de nouvelles blessures, mais selon ta miséricorde,
    fais-moi grâce, Dieu de nos pères ! Ps 51*7

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Saül en cherchant les ânesses de son père, par surcroît, trouva la royauté ;
    et toi, ô mon âme, garde-toi de préférer
    le troupeau des passions au royaume du Christ ! 1S 9*1-10

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. David, l’ancêtre de Dieu, a péché par deux fois :
    il fut d’abord blessé par les flèches de l’adultère,
    et transpercé ensuite par le glaive de l’homicide.
    Toi, ô mon âme, entraînée par l’élan de tes passions,
    tu souffres d’actions plus graves encore. 2S 11*3-15

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. David commit autrefois iniquités sur iniquités,
    aggravant l’adultère par le meurtre, mais aussitôt il fit doublement pénitence ;
    ô mon âme tu es bien plus criminelle,
    toi qui demeures sans repentir devant Dieu. 2S 11 & 12

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. David fit de son repentir un poème,
    il s’accusa ainsi du mal qu’il avait fait, en criant :
    “Aie pitié de moi, devant toi seul j’ai péché !
    Dieu de l’univers, purifie-moi !” Ps 51

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Pendant que l’Arche de l’Alliance était transportée sur un char,
    Ouzza, voyant les boeufs broncher, porta la main sur elle
    et pour ce simple geste encourut la colère de Dieu !
    N’imite pas sa présomption et vénère les choses divines, ô mon âme. 2S 6*6-7

Gloire au Père…

Trinité sans commencement et incréée, Indivisible Unité,
accueille ma pénitence, sauve ce pécheur qui est ta créature,
ne me repousse pas, mais arrache-moi au feu de la condamnation.

Maintenant et toujours…

Nous te chantons, nous te bénissons, devant toi nous nous prosternons,
ô Mère de Dieu, car tu as enfanté l’Un de la sainte Trinité,
ton Fils et ton Dieu, entr’ouvrant pour nous le ciel sur la terre.

ODE 8 (Cantique des Trois Jeunes Gens : Daniel 3*52-87)

  1. (Hirmos) Celui que les puissances célestes glorifient,
    Celui devant qui frémissent les chérubins et les séraphins,
    que tout ce qui respire, que toute créature le louent,
    le bénissent et l’exaltent dans les siècles.

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Aie pitié des pécheurs, ô Sauveur, excite mon esprit à la conversion,
    accepte ma pénitence, sois compatissant pour celui qui te crie :
    “J’ai péché contre toi seul, j’ai commis l’iniquité, aie pitié de moi !” Ps 51*6

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Élie le conducteur de char, élevé aux plus hautes vertus,
    fut jadis entraîné de la terre au ciel.
    Médite, ô mon âme, sur cette ascension ! 2R 2*11

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Élisée prit le manteau d’Élie, en frappa l’antique Jourdain
    et les eaux du fleuve se séparèrent,
    mais toi, ô âme immodérée, tu ne connais pas cette grâce ! 2R 2*14

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Élisée ayant reçu autrefois le manteau d’Élie
    obtint du Seigneur une double part de sa force,
    mais toi, ô âme immodérée, tu ne connais pas cette grâce ! 2R 2*9-15

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. La Sunamite a jadis donné l’hospitalité au juste,
    mais toi, ô mon âme, tu n’as introduit dans ta maison ni l’étranger, ni le pèlerin,
    c’est pourquoi tu seras chassée toute en pleurs de la chambre nuptiale ! 2R 4*8-10

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Ô âme misérable, tu as toujours imité l’avidité sordide de Guehazi,
    maintenant, du moins, au déclin de tes jours, renonce à l’amour de l’argent,
    fuis le feu de la géhenne préparé pour tes méfaits ! 2R 5*20-27

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Tu as suivi Ozias, ô mon âme, et tu as reçu une double part de sa lèpre
    car tes pensées sont mauvaises et tes oeuvres injustes :
    renonce à la possession des choses corruptibles
    et hâte-toi de revêtir la pénitence. 2Ch 26*16-20

Bénissons le Seigneur, Père, Fils et Saint Esprit.

Nous te glorifions, ô Trinité, Dieu unique,
“Saint, Saint, Saint es-tu, Père, Fils et Saint Esprit,
essence unique et simple, et toujours adorée !”

Maintenant et toujours…

En ton Sang l’Emmanuel fut vêtu comme de pourpre,
et c’est en toute vérité, ô Vierge immaculée,
que nous honorons ta divine maternité.

ODE 9 (Cantique de la Mère de Dieu)

  1. (Hirmos) Virginalement conçu d’une mère sans époux
    et engendré sans corruption,
    le fruit divin demeure inexplicable ;
    la naissance de Dieu renouvelle la nature des êtres.
    C’est pourquoi toutes les générations te magnifient et te saluent fidèlement,
    ô Mère et Épouse de Dieu !

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Mon esprit est blessé, mon corps décline,
    mon souffle s’affaiblit et ma raison languit, la vie meurt, la fin s’approche.
    Que feras-tu, âme infortunée, à l’heure où le Juge dévoilera tes secrets ?

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Examine, ô mon âme, les écrits de Moïse sur la création du monde,
    contenant l’histoire des justes et des impies :
    tu as imité les pécheurs et non les justes, ô âme détournée de Dieu !

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. La Loi en toi est impuissante, l’Évangile infructueux,
    la prophétie, les sentences des justes et l’Écriture toute entière
    sont devenus pour toi des objets de mépris.
    Tes plaies, ô mon âme, s’enveniment loin du médecin qui, seul, pourrait les guérir !

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Contemple, ô mon âme, tous les modèles que te présente
    le Nouveau Testament pour t’amener au repentir :
    imite donc les justes, détourne-toi des pécheurs, cherche à fléchir le Christ
    par les prières et par le jeûne, par la pureté et le recueillement.

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Le Christ s’est fait homme, il s’est uni à ma chair ;
    volontairement il a assumé notre nature toute entière sauf le péché,
    te montrant, ô mon âme, l’image de son ineffable bonté.

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Le Christ s’est fait homme, il a appelé à la conversion
    les larrons et les prostituées :
    repens-toi, ô mon âme, les portes du royaume sont ouvertes !
    Les pharisiens, les publicains et les adultères convertis nous y précèdent !
    Mt 21*31

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Le Christ a sauvé les mages, appelé les bergers,
    transformé la multitude des innocents en martyrs.
    Il a exaucé les voeux du vieillard Syméon et d’Anne la veuve au grand âge,
    mais toi, ô mon âme, tu n’as imité ni leurs oeuvres ni leurs vies !
    Malheur à toi quand tu seras jugée ! Mt 2*1-18 ; Lc 2*25-38

Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi.

  1. Après avoir jeûné quarante jours dans le désert
    le Seigneur eut faim à cause de sa nature humaine.
    Ne te laisse pas abattre, ô mon âme, sous les coups de l’ennemi,
    par la prière et le jeûne tu le fouleras aux pieds ! Mt 4*2 ; 17*21

Gloire au Père…

Célèbre et glorifie, ô mon âme, la Trinité simple, indivisible et consubstantielle,
l’unique Substance trois fois sainte, Lumière de Lumières, unique Dieu Saint,
Dieu vivant, Dieu de toutes choses !

Maintenant et toujours…

Très-sainte Mère de Dieu, garde sous ta protection le peuple chrétien
qui partage royalement ton souverain pouvoir et triomphe
grâce à toi des assauts de l’Ennemi et de toute tentation.

Saint André de Crète, intercède pour nous.

Pasteur de Crète, saint André, ô Père trois fois heureux,
intercède sans répit pour les chantres de ton nom,
afin que soient délivrés de toute inquiète pensée, de l’affliction et du péché
ceux qui vénèrent ta mémoire sans fin.

  1. Virginalement conçu d’une mère sans époux
    et engendré sans corruption,
    le fruit divin demeure inexplicable ;
    la naissance de Dieu renouvelle la nature des êtres.
    C’est pourquoi toutes les générations te magnifient et te saluent fidèlement,
    ô Mère et Épouse de Dieu !